Vendredi :
– 2h30 de marche pour repérer la spéciale chronométrée du samedi.
– 1h30 de contrôle administratif.
– 30min de contrôle technique + abandon de ta moto en parc fermé pour une nuit complète à -5°C.
– Le soir : tu révises tes notes de la spéciale en regardant des vidéos qui te montrent crashs de l’an dernier. Bref tu dors pas de la nuit.
Samedi :
– Tu attends ton heure de passage et tu t’élances direct pour un tour chrono à froid, sans liaison. Crois-moi, tu t’esquives pas l’échauffement comme pendant les cours d’EPS au collège. Celui-là il est vital.
– Au début de ton tour, t’es tendu comme un arc et tu te dis qu’il faut te libérer. Alors tu te libères mais une petite voix dans ta tête te dit : « fais pas le con, ça va être long, et rappelle-toi de la marche de 2m qui t’attend à l’entrée du bois ». T’entends aussi la voix de tes potes qui te disent : « mec, t’es pas venu là pour esquiver les difficultés. Si tu prends un échappatoire, c’est mort on te rase la tête ». Du coup t’y vas.
– A la fin du tour, tu repenses à toutes tes erreurs. Du coup tu choisis de repartir pour un second passage (c’est optionnel). Au final tu fais 4 fois + d’erreurs, tu es 2 fois + gêné et tu sens que t’as le physique en PLS.
– Si tu claques un top-100 à l’issue de cette spéciale, tu es trop content. Puis on te dit : « ça veut dire que t’es qualifié pour le prologue super enduro du samedi soir, faut basculer au centre-ville pour repérer… ». Ascenseur émotionnel.
– Le soir arrive, tu te retrouves sur la grille de départ avec une brochette des meilleurs pilotes mondiaux de la discipline. Tu te sens un peu comme dans un contrôle de maths ou tu débarques « au talent » mais ça fait 6 mois que t’as séché les cours. Bref tu prends une bûche.
– Élimination rapide en première manche. Tant mieux, ça permet de redresser tout ce que t’as tordu et de ramener ta moto en parc fermé pour une nouvelle nuit dehors.
Dimanche :
– Briefing à 8:00 puis tu récupères ta moto en parc fermé pour la charger dans ton fourgon. Là tu te rends compte que quelque chose cloche quand tu vois 100 pilotes au briefing et 400 pilotes qui ont déjà récupéré leur machine. C’est le moment de tracer pour aller au départ de la course et installer tout le staff au paddock assistance situé à 20min de route…
– Ces 20min se transforment en 1h30 avec les bouchons… tu décharges ta moto en plein embouteillage pour aller prendre ton départ à l’heure. T’essayes de passer un dernier coup de fil pour savoir où ton assistance est garée histoire de pas faire le plein d’essence chez le voisin pendant la course.
– Départ vers 10:15. Un peu la même intensité qu’un départ de championnat de France junior en motocross, sauf que t’as oublié qu’il te restait 8h de moto à faire derrière.
– Au bout de 30min, t’as mal aux bras et tu t’es déjà couché 3 fois.
– Au bout d’une heure, tu te fracasses contre un arbre en essayant de te « libérer ». Bien joué, c’est sans garde-boue avant que tu devras finir ce premier tour. Facile le premier tour à Ales qu’on te dit.
– 12:30 : tu en termines avec la première boucle. Au ravitaillement tu prends des forces et tu repars avec un garde boue avant tout neuf. Crois-moi c’est comme si tu repartais avec une moto d’usine tellement ce bout de plastique t’avait manqué.
– Plus tu roules, plus tu prends confiance. Plus ta confiance est haute, plus elle tombe de haut quand tu commets une erreur… nouveau crash, nouveau souci. Ce coup-ci il faut découper l’arrière du garde-boue avant car il touche les radiateurs (on dira pas laquelle des deux pièces est tordue) et ça braque plus très bien. Guidon tordu ? Tu repenses à Romain Febvre en 2015 et tu t’habitues à rouler comme ça.
– Tu boucles ce deuxième tour. Tu fais un point sur le classement, juste pour savoir si tu as fini devant tes potes échappés qui se sont inscrits en catégorie Red.
– C’est le grand moment de s’élancer dans le tour 3. Il te reste 1h de course pour aller le plus loin possible. Enfin « loin », ça doit faire à peu près 2km mais il te faut bien 1h pour les sortir.
– Ça fait 2 tours que tu te demmerdes comme un grand, sans marshals pour te tirer. Mais là quand tu te retrouves dans les difficultés de ce fameux tour 3, tu les supplies de venir tirer sur la sangle.
– 17:50 : c’est pas fluide, t’as fini de poncer ta moto sur les rochers, t’as vidé le reste des forces qui te restaient et tu remercies les marshals qui t’ont tiré pour arriver au bout de ce CP… mais c’est validé, la course est terminée.
C’est vraiment magique de vivre tout ça même si, mentalement, tu passes par beaucoup de stades bizarres. Au final, le lendemain, ton cerveau ne retient que le meilleur et, une fois que tes muscles auront oublié les courbatures, tu demanderas à tes potes s’ils sont chauds pour l’an prochain.
Alors, tu t’inscris en 2024 ?
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