Devons-nous faire taire les speakers sur les courses de motocross ?

Tu arrives sur le circuit, détendu la veille d’une course un jour où tout semble te sourire. Tu trouves même la place idéale dans le paddock, à plat et sous un arbre pour passer ton weekend à l’ombre. Manque de chance, tu n’avais pas aperçu le petit cône faisant office de haut parleur… On a tous commis l’erreur de se garer sous un haut parleur la veille d’une course. On connait cette sensation difficile le matin où le réveil se fait de manière violente, du genre : « un deux, un deux, ESSSSSSAI de sonorisation ! ». À ce moment-là tu te dis que la journée va être longue et que, si tu montes sur le podium, tu vas lui faire bouffer son micro.

Pourtant sans speaker, le motocross ne serait plus le même sport. Même au temps des dinosaures, les speakers existaient déjà ! La preuve : Loulou Bernadelli et Francis Magnanou ont enflammé pendant des années le chaudron du SX de Bercy, malgré la perte de voix le troisième jour à force d’hurler le vendredi et le samedi ! Heureusement pour Francis, les manifestations ne durent pas plus de deux jours généralement. Il reste quand même le plus pro à mes yeux. Aujourd’hui n’oublions pas de mentionner les jeunes loups comme Maxime Martin et Charlee Moss capables aussi de chauffer seuls les salles du SX Tour ou accompagner le Nitro Circus dans l’hexagone.

Bon ça c’était pour l’élite des animateurs mais, en ce qui concerne les épreuves plus rurales, quel type de speakers entends-tu ? Pour moi la différence se joue sur des détails. N’importe quelle personne à l’aise avec un micro parviendra à commenter une course avec une grosse bagarre aux avants-postes. Par contre l’affaire se gâte quand le premier est plus rapide de trois secondes au tour par rapport au reste du pack.

C’est un métier après tout. Pour avoir vu comment Francis Magnanou préparait les soirées du SX de Paris avec Jean-Christophe Vaschetto, je vous garantis que rien n’est laissé au hasard. Tout est millimétré, répété et organisé avant l’ouverture au public. Le speaker est un chef d’orchestre le jour d’une organisation, quelle qu’en soit le prestige. Plus il se prépare, plus le show sera de qualité.

De mon côté, voici ce que j’aime entendre de la part d’un speaker :

  • Les explications pour le public novice. Evidemment ça peut devenir saoulant si tu roules tous les weekends et que tu retrouves souvent le même speaker. Cependant il faut penser aux spectateurs qui sont venus passer un dimanche en famille pour découvrir ce sport de bourrins que nous aimons tant.
  • La demande aux pilotes de se rendre au pré-parc. Ça t’évite de te retrouver dans la situation du mec torse nu qui réalise que tous ses adversaires préparent déjà leur trace derrière la grille.
  • La demande aux secouristes de se rendre directement à l’endroit de la chute. Ceci t’évite d’attendre la fin de la manche avec un bras cassé et qu’un autre pilote aille les prévenir.

Et ce que je n’aime PAS entendre :

  • La petite blague bien grasse qui ne fait rire que Roger, célibataire aguerri, proche de la buvette et muni d’un bob Ricard .
  • Le fait d’insister sur une chute impressionnante avec le pilote encore au sol. Pour info les proches de ce dernier ne peuvent pas couper le son.
  • Une course commentée exclusivement devant la télévision des chronos. La méthode « à l’ancienne » est bien meilleure pour animer. Un petit coup d’oeil aux temps chronos ne fait pas de mal pour apporter une analyse mais il ne faut pas en abuser. Ce qu’il est intéressant de commenter, c’est ce que le public voit sur la piste.
  • La discussion avec le président du club alors que le micro n’a pas été coupé. En général c’est du genre : « ils me cassent les c….. ces pilotes, ils se plaignent toujours quand j’arrose sur le damé ! ».

Je peux juste t’affirmer un truc : tu n’aimeras pas sentir l’haleine du bonhomme quand tu te retrouveras avec le micro juste sous le nez en cas de podium. D’ailleurs tu n’auras probablement rien à faire sur le podium sauf si ton président décide de récompenser les pilotes du club… Pas de chance !

Sans eux le show serait différent c’est clair. Peut-être que le futur nous réserve des courses silencieuses avec des motos électriques et des commentateurs muets. Est-ce vraiment ce que nous recherchons en tant que puristes ? Je te laisse commenter cet article avec ton opinion sur ces étranges personnages qui hurlent toute la journée afin de couvrir le bruit des motos.

1 Comment

  1. A la décharge des commentateurs, il faut reconnaitre que parfois, ils voient moins bien la course que le public… Exemple: Ernée : avec une tour chrono et commentateurs excentrée, ils ne voient qu’un petit bout du circuit alors que depuis la pelouse en face, c’est nickel. Résultat : Magnanou « découvre » régulièrement que tel ou tel pilote a doublé ou au contraire a rétrogradé sans savoir ce qui s’est passé alors tout le monde a vu l’attaque ou la chute…

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