Quand tu discutes avec Blaise Abbadie un weekend autour d’une bonne bière, ça peut vite dériver. Un jour il me sort : « Rémi Bizouard m’avait proposé de faire une journée freestyle dans son FMX Park, je dis ça je dis rien ». Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’on se chauffe et que le message suivant arrive sur le téléphone du double champion du monde de FMX : « Hey Rémi, tu penses que tu pourrais nous faire passer un backflip sur le dur en deux jours ? ».
Sur le coup il n’avait pas l’air trop convaincu. Sa réponse nous parait logique maintenant que nous sommes revenus de cette expérience : « Non mais les gars, vous pouvez vraiment vous faire mal. Vous avez regardé une vidéo de Pastrana et d’un journaliste mais ça ne reste qu’une vidéo. Ne croyez pas qu’un backflip est à la portée de tous les crossmen ! ».
Nous avons tout de même fixé une date. Pour être précis nous avons fixé cette date le 13 décembre pour un mini séjour dans le FMX Park de Barcelone calé les 3 et 4 janvier. Entre la fin d’année au travail, les fêtes et une vie de famille à préserver avant de nous mettre la tête à l’envers sous une moto, ceci nous laissait peu de temps pour nous entrainer.
La première et seule préparation s’est tenue le mardi 2 janvier dans un Trampoline Park pour juger lequel des deux serait le plus apte à passer un backflip. Au bout d’une heure d’entrainement les jeux étaient faits puisque Blaise s’était posé cinquante fois sur la tête dans le bac à mousse. Au milieu des enfants (moyenne d’âge du Trampoline Park estimée à 12 ans), j’ai donc pris une confiance en moi hors norme en passant des backflips sur un trampoline… J’étais fin prêt.
Mardi 3 janvier, 9h00. Le grand Segaldon Production tape à la porte pour compléter la fine équipe de trois et débuter les trois heures de route en direction de Barcelone.
Mardi 3 janvier 14h00. Rdv avec Rémi Bizouard pour fixer les objectifs. Pas de fioritures dans nos dialogues :
Rémi : « Vous voulez faire quoi concrètement ? ».
Blaise : « Un backflip. Enfin Nico seulement parce que j’ai encore des courbatures à force de m’extirper du bac à mousse avec la tête à l’envers ».
Rémi : « Ok Nico, as-tu déjà fait un backflip à vélo ? ».
Nico : « Non juste sur un trampoline hier, mais je le passe bien. Et dans la piscine je ne suis pas mauvais non plus. ».
Rémi : « Dans la piscine ? Mais genre avec un vélo ? ».
Nico : « Euh non non juste dans la piscine… ».
Rémi : « As-tu déjà pris une rampe en moto ? ».
Nico « Euh non mais j’ai sauté des camels en motocross quand même… ».
Rémi : « Ok… Bon on va rapprocher les rampes… ».
L’échauffement dans le park s’est fait de manière simple. Quelques petits doubles pour prendre nos marques avant de prendre une rampe à une vingtaine de mètres d’une réception gigantesque. La 450 Bud Racing de Rémi étant complètement destinée au freestyle, elle me rassure sur mes réceptions approximatives. Par contre il faut un léger temps d’adaptation par rapport à la transmission qui tire extrêmement court et un moteur assez violent. Idem pour le guidon très haut et la selle creusée qui me donnent l’impression de piloter un chopper.
Le bac à mousse est débâché, la rampe est rapprochée, les consignes de sécurités sont données. Voici le tuto pour sauter dans un bac à mousse en moto :
1- ne jamais lâcher la moto. Tant qu’on fait corps avec la moto il ne peut quasiment rien se passer, même en étant bloqué dessous. Les blessures arrivent quand on lâche la moto et qu’elle nous retombe dessus. Et vice versa.
2- ne pas arriver trop vite sur la rampe et bien accélérer jusqu’en haut de l’appel. Pas naturel pour un crossman à qui on a appris pendant des années à couper les gaz pour sauter le moins haut possible…
3- bien vérifier que le collecteur soit recouvert d’une protection thermique et arroser la moto tous les deux-trois sauts. Plusieurs bacs à mousse ont déjà brûlé avec des quatre temps emportant malheureusement la vie de certains freestylers. La mousse est obligatoirement ignifugée mais cela ne suffit pas. L’extincteur doit aussi être à proximité du bac.
Après deux sauts « à blanc » dans la mousse, voici le tuto pour réaliser un backflip à moto :
1- garder la même prise d’élan que sur le saut à vide mais mettre un grand coup de gaz dans la rampe pour favoriser la rotation.
2- tirer avec les bras et les jambes en même temps en basculant son corps en arrière. Cette étape doit se faire au moment précis où la roue avant quitte la rampe.
3- la tête doit aussi basculer en arrière et ne jamais revenir vers l’avant. Si tu ne bascules pas la tête en arrière alors que tu as appliqué correctement les points 1 et 2, tes pieds vont décrocher et la moto tournera sans toi. Très important aussi et difficile à réaliser avec la perte de repérage dans l’espace quand on est à l’envers : porter le regard sur la réception pour bien l’anticiper.
Voilà donc comment faire un backflip simplement avec un petit tuto MX Reflexion… Mouais, pas si facile. Première tentative, je me concentre pour tout appliquer à la lettre mais je ne mets pas un coup de gaz assez violent dans l’appel. La rotation est trop lente mais je ne lâche pas la moto. Je me retrouve enfoncé dans la mousse sous la machine, dans le noir, avec de l’essence qui me goutte dessus… Je n’entends rien, je crie pour prévenir que l’essence coule. Pas de réponse. J’entends enfin des gens à proximité et je vois de la mousse bouger. Ils rigolent en me découvrant petit à petit en pleine panique sous la moto et avec une odeur d’essence à te déboucher les narines… Blaise, tel un ingénieur en génie mécanique, se loupe en attachant la sangle pour sortir la moto. Elle retombe… Tu parles d’un partenaire ! Une fois la moto sortie, je me sens en sécurité et ne vois plus terminer mes jours dans un bac à mousse qui peut potentiellement prendre feu.
A votre avis, est-ce que le défi a été relevé ?
Le reportage vidéo complet arrive quand Segaldon sera remis de ses séances d’abdo pour me sortir du bac à mousse…
En attendant, nous tenons à remercier Rémi Bizouard pour cette expérience inoubliable.
C est déjà bien de ne pas louper le bac a mousse
On vous a vu plus souvent avec la mousse a la surface du verre
Tout le monde évolue