Les blessures – tout le monde connaît ça

Tu es pilote de MX depuis quelques années ? Tu as donc connu la blessure. Cette damnée blessure qui te fait passer en une fraction de seconde de héro à zéro.

Par exemple ce moment où tu es en tête de la dernière manche de la journée et que tu te bagarres pour le général de la journée. Tout le monde te regarde, tu t’apprêtes à faire le dépassement de ta vie puis tu termines dans les clôtures après un gros coup de raquette dans la descente face au public. Là c’est le drame, tu restes allongé par terre à moitié KO avec les deux clavicules cassées. Les secouristes arrivent rapidement pour te prendre en charge et découper ton pare-pierres et maillot TLD fraichement sortis pour l’occasion. Rien de bien grave heureusement mais le soir même ton téléphone explose avec les SMS et messages Facebook te souhaitant un bon rétablissement, à quel point on a eu peur pour toi, qu’on comprend pas ce qui s’est passé, qu’on t’a ramené ta moto, etc…

Ou alors…

Il y a la chute bête ou tu perds l’avant en enlevant un tearoff. Le point positif c’est que personne ne t’a vu puisque tu étais dans la chicane pourrie à côté de la réserve d’eau au fond du circuit. Tu te relèves parce que t’es pas un mec qui abandonne, puis surtout t’as pas envie d’avoir l’air con quand les autres te mettront un tour. Aie c’est maintenant le coup dur ou t’as la main gauche fracturée et tu ne peux pas embrayer pour repartir. Du coup toi, toujours en mode héro, tu décides d’enclencher la première sans embrayage avec le moteur à plein régime et…. PAF ! Tu te retournes et te déboites le coude droit. Héro –> zéro. Dépité, plus rien à espérer de cette manche, tu rentres discrètement au paddock en marchant et te fait amener à l’hôpital par ta copine. Personne ne t’a écrit donc tu te dis que tu vas poster un selfie avec le hashtag qui va bien. Les réponses sont hypocrites mais restent les mêmes : un bon rétablissement, à quel point on a eu peur pour toi, qu’on comprend pas ce qui s’est passé, qu’on t’a ramené ta moto, etc…

C’est maintenant qu’on retrouve un point commun pour les deux situations : c’est dimanche et les urgences sont blindées. Tu ne passes pas en priorité parce que des parents inquiets ont amené leurs 5 enfants qui auraient potentiellement attrapé une gastro. Enfin bref, c’est surtout que tu ne passes pas en priorité parce que tu es LE connard de motard qui trouve rien de mieux que se faire mal un dimanche. « Mais monsieur, quand on ne sait pas faire de moto il faut garder les petites roulettes » qu’on te dit. La handballeuse et le rugbyman, à côté de toi en salle d’attente (avec une potentielle entorse de la cheville), se foutent de ta gueule et tu peux rien faire à part les regarder passer devant toi en béquilles jusqu’à la salle radio avant de les voir repartir en marchant vers leur voiture.
Toi tu passes ta radio, t’espère avoir une entorse mais finalement on t’annonce qu’il faut opérer. On dit pas « opérer de suite », on dit « opérer ». Tu sais pas si tu dois être content qu’on te laisse rentrer chez toi en attendant le prochain rdv avec ta prescription de Doliprane, ou si tu dois rester quand même inquiet pour la bonne guérison de ta blessure. Finalement t’as mal mais t’as pas envie de te retaper une demie journée aux urgences donc tu serres les dents et laisses tes os se ressouder de travers.

« Non mais là c’est sûr, promis j’arrête la moto. Bon ok allez, prochaine blessure, promis j’arrête la moto. »

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